Retrouver l’espace.
Déménager en Bretagne et quitter la grande ville.
Cela fait quelque temps maintenant que je pense à mettre des mots sur mon déménagement en Bretagne. À vrai dire c’était déjà à ce propos que je voulais écrire le mois dernier, mais ça n’était pas le moment, j’étais totalement à court d’énergie.
Ce sujet me tient à cœur. C’est une étape très importante de ma vie et il y a un véritable avant et après. Je voudrais vous raconter à quel point ce déménagement m’a fait du bien, mais aussi vous partager toutes les questions que je me suis posées, les doutes personnels et professionnels que cela a entrainé. Et peut-être que, vous aussi, vous hésitez à quitter une grande ville ? Peut-être que vous aussi vous vous demandez ce que ce serait de s’installer plus près de la Nature ? Alors j’espère que vous aurez plaisir à lire ce petit récit breton. Degemer mat (bienvenue en breton :)) !
LE DÉPART & LE MOUVEMENT
J’ai quitté Vincennes, au tout début du deuxième confinement, en octobre 2020, avec mon copain Mathieu. Depuis 3ans nous pensions à ce départ, sans arriver à le concrétiser. J’ai toujours vécu à Paris (sauf pour mes études que j’ai faites à Reims). Mathieu quand à lui était à Paris depuis 6ans. Il n’a jamais voulu y rester, à notre rencontre il me disait déjà “je ne ferais jamais ma vie à Paris”, et moi en bonne parisienne je n’imaginais pas du tout partir ahah.
Puis j’ai grandi, les prises de conscience se sont enchainées, je trouvais de moins en moins de sens à vivre dans une si grande ville. Je n’en avais pas totalement conscience mais j’étais hyper stressée, sollicitée non stop par la ville et ses rouages. J’avais clairement du mal à joindre les deux bouts financièrement, je jonglais avec des jobs alimentaires qui parfois devenait mon job tout court, et mes contrats de freelance à droite et à gauche. Bref je n’étais pas très heureuse à Paris, même si je dois l’avouer j’y avais toutes mes attaches, mes habitudes et mes précieuses amies qui allaient être difficile à laisser. Et puis je redoutais un peu de partir de Paris et d’avoir de moins en moins d’opportunité de freelance du fait d’être éloignée. On a l’impression que tout se passe à Paris. Mais la réalité en faisant le constat à ce moment là c’est que aucunes de mes missions n’était arrivées du fait de ma vie parisienne. Alors let’s go !
Été 2020, nous décidons de louer un vieux van et de partir en road-trip sur la côte Nord de la Bretagne. L’objectif : trouver la ville où nous allons nous installer. Pour le coup aucune attache particulière car nous ne connaissons personne dans le coin. Une journée d’août, on s’arrête à Lannion. Sur notre parcours nous avons coché les villes accessibles en train (à l’époque je faisais encore mes études de naturopathie un weekend sur deux à Paris). Lannion en faisait partie. On a déambulé dans le centre ville, c’était vivant, vraiment joli et à toute petite échelle. Les gens étaient chaleureux et la librairie du centre était juste géniale, un immense bon point pour Lannion. Et puis nous sommes tombé amoureux de la côte de Granit Rose, on s’est dit “ça serait pas le rêve de vivre ici ?”. Lannion ce sera alors :).
Septembre, on se met à chercher des locations. Un aller retour sur 24h, nous visitons 4 maison. C’était fou, pour le même prix que notre 35m2 à Vincennes nous avions une maison de 130m2 avec un jardin de 1200m2. Ça n’était pas la maison de nos rêves, mais après tout l’idée était d’acheter quand nous le pourrions.
Novembre nous déménageons. Finalement à partir du moment où nous avons pris la décision pendant l’été, ça a été si rapide, comme une évidence, il était l’heure de quitter Paris. L’heure de dire au revoir au supra-urbain. L’heure de dire bonjour à la mer.
LES PREMIERS MOIS : RE-TROUVER L’ESPACE et SENTIR un petit MANQUE
Nous sommes arrivés à Lannion au tout début du premier confinement, nous commencions donc notre vie ici par un bon mois “enfermés” chez nous. Parfait, nous avions tout notre temps pour nous installer, prendre nos marques, découvrir les alentours de notre maison, et puis aller voir la mer lorsque la restriction du 1km a été levée !
L’ESPACE, c’est le mot que je pourrais mettre sur mon ressentis des premiers mois. L’espace, dans tous les sens du terme il y avait de l’espace. De l’espace pour penser, de l’espace physique, de l’espace visuel, de l’espace pour être soi. Je me suis installée un immense bureau dans une des chambres de la maison. Je rêvais d’avoir de la place pour créer, de ne plus être dans le salon de notre tout petit appart, dans lequel je n’avais pas vraiment mon intimité. Je faisais tous les jours de grandes balades. J’ai passé beaucoup de temps en introspection, j’avais le temps. J’ai adoré me retrouver dans ce cocon. Habiter et investir l’espace d’une maison, d’un jardin, ça m’a et ça me nourrie encore profondément.
Évidemment ce qui m’a manqué le plus vite ce sont mes amis, surtout qu’à Lannion nous ne connaissions personnes. Nous étions en plein confinement, qui s’est enchainé avec la période du pass sanitaire, bref pas facile de créer du lien. Je croisais des personnes dans la rue, et je me disais “je le sens cette personne pourrait être mon amie, je pourrais l’accoster ?” j’en étais a ce point de manque social haha.
Puis nous avons rapidement adopté Récif. Évidemment un bébé chien ça facilite les rencontres. J’ai repris des cours d’équitation, de céramique et puis j’ai retrouvé un job à mi-temps. Ce job a été indispensable pour deux raisons : ma sécurité financière et puis socialement, j’avais tellement besoin d’échange !
C’est clairement intimidant de débarquer dans une nouvelle ville, lorsque l’on est freelance, mais je crois qu’il faut faire confiance au temps et au destin, on finit toujours par rencontrer de très belles personnes et par nouer de nouvelles amitiés. C’est un peu un grand saut dans le vide, mais en même temps ce qu’on récolte est magique !
LA GRATITUDE DE CE CHOIX
A chaque balade, je ressens la même gratitude. Je me dis Merci Merci Merci d’avoir fait ce choix, malgré les appréhensions et les doutes. Respirer cet air, entendre les sons des oiseaux, de la forêt, des vagues, sentir le sable sous mes pieds et la mousse des arbres sous mes mains, c’est incomparable et inégalable. On redevient un grain de sable au milieu de l’univers. Oui c’est ça en fait je trouve que ça ma replacée en tant qu’être humain vivant avec des milliards d’autres êtres vivants sur la Terre. Ce qui compte vraiment c’est ça. Se savoir faire partie du Tout, se voir petit mais œuvrant ça aide à prendre de la distance avec ses angoisses. Moi qui suis très souvent dans mes pensées, vivre ici me permet chaque jour de m’ancrer dans la terre.
Ne plus être entourée par ce stress permanent, cette ambiance oppressante de Paris. Je sais que je vais mieux physiquement, je le sens. Parfois je me prends à penser “oh ça serait chouette d’habiter à Bruxelles ou à Rennes par exemple”, mais je sais que cette partie de moi qui parle c’est celle qui projette une image liée au paraître et à ce que me renvoi les réseaux sociaux de ce qu’il “faudrait être”. Oui parfois je me sens à la ramasse et puis je me souviens que ça n’est pas un concours, que l’important c’est de se sentir bien. Alors ça apaise ces questionnements.
Ce qui apaise aussi ces doutes furtifs c’est de me dire que rien n’est immuable, tout peut bouger. Je me fie à mon ressenti. J’apprécie me dire que je peux aller passer un weekend ici ou là, et vraiment prendre le temps de profiter de la ville d’une façon différente.
Il y a un endroit particulier que j’aime d’amour, à 5mn de chez moi à pieds. Cet endroit c’est l’entrée de la forêt qui mène jusqu’à la mer. On longe le Léguer, la rivière qui traverse Lannion et se jette dans la mer un peu plus loin entre la pointe du Dourven et les plages de Beg Léguer. Là, les arbres sont majestueux, ils accompagnent l’eau qui fluctue en fonction de la marée. J’ai vraiment l’impression d’être dans un film de Miyazaki avec cette nature luxuriante et sauvage, tellement plus grande que nous.
ET MAINTENANT : SE SENTIR CHEZ SOI :)
Et puis depuis quelque mois, je me sens chez moi. Mon job de vendeuse dans le petit centre de Lannion me plait beaucoup, j’adore faire partie des commerçants, faire partie de la vie de cette ville. Et puis nous avons trouvé une maison à acheter après deux ans de recherche. Je pense qu’il n’y a pas de hasard dans le fait que cette maison arrive maintenant. Nous nous sentons vraiment chez nous.
Lorsque nous l’avons visité, il y avait comme une évidence, on s’y sentait bien, et je peux vous dire qu’on en a visité des maisons haha... Quel joie de savoir que ce lieu est le notre ! On va pouvoir l’investir pleinement, ce chez nous, y mettre tout ce que nous sommes, y recevoir nos amis, y cuisiner des bons repas et y vivre tout simplement.
Le jardin de 2000m2 est super beau et nous avons envie d’y planter pleins d’arbres et peut-être un jour avoir des moutons hihi ? on va déjà laisser Récif et Tsuki s’habituer à leur nouveau chez eux. En attendant nous sommes la tête dans les travaux, on oublie pas de se promener tous les jours et de savourer le printemps ! Qu’il fait bon de vivre en Bretagne !
Voilà j’espère ne pas vous avoir trop ennuyé avec mes histoires de Bretagne et de déménagement, mais j’avais vraiment besoin d’y mettre des mots. Merci de m’avoir lue si vous êtes arrivé jusqu’ici ! J’espère également que cela pourra aider les personnes qui se posent ce genre de questions, même si évidemment chacun a sa temporalité et son cheminement et ses choix !
Kenavo !
à très vite,
Apolline