De la légitimité du trait, un chemin de résilience.
Bienvenue sur mon Blog ✴✴✴
Ma première interrogation en lançant ce blog est : par où commencer ? Après quelques minutes de réflexion, il était évident qu’il fallait que je commence à l’endroit exacte où je me trouve en ce moment. Cet endroit me permet de lancer mon site internet, mon blog et ma première newsletter, YOUPI !!! Et je vous suis inconditionnellement reconnaissantes vous qui me lisez, merci merci !
Cet endroit est chaud et douillet en ce tout début du mois de novembre, mais il a longtemps été rempli d’ombres et recouvert de cailloux qui m’ont fait trébucher. J’ai souvent eu envie de quitter ce lieu, de fuir vite et très loin et pourtant quelque chose m’a retenue à chaque fois. Aujourd’hui je sais que c’est parce que j’ai a y trouver de la douceur, de la lumière et surtout une très grande résilience pour tout mon être.
Cet endroit est celui depuis lequel je crée, je dessine et j’imagine. Ce lieu à la fois magique et si déroutant.
Je dois dire que le doute a toujours été omniprésent : suis-je légitime ?
Suis-je légitime de dessiner ? suis-je légitime de vouloir en faire mon métier ? suis-je légitime de trouver que je fais des choses biens ?
Les questions que je me posais à mes débuts n’étaient bien évidemment pas aussi claires. C’était plutôt un ascenseur émotionnel. De très courte joie lorsque l’on saluait mon travail ou lorsque je recevais des “likes” et des litres de larmes de me trouver tellement nulle à peine quelques minutes plus tard. Clairement il se passait quelque chose dans mon inconscient qui me sabotait et me protégeait à chaque fois.
J’ai la conviction que là où c’est difficile; là où ça blesse, là où ça pique il y a des gros cailloux à soulever, des tempêtes à traverser, des ordures et des trésors à déterrer. Alors je me suis équipée sans trop savoir vers où j’allais. Je pense pouvoir dater le début de ce voyage à mon arrivée en Bretagne, il y a deux ans tout juste et je dessinais ça :
Éclairer, dessiner les contours, conscientiser, réparer, construire des fondations sous mes pieds, construire un sol qui ne s'effrite pas à chaque déception, c’est long.
Ma plus grande prise de conscience a été de voir à quel point je me sentais illégitime partout, tout le temps, et … c’est difficile de s’avouer ça… L’ego ne veut pas voir ça, il s’en protège et pourtant le cercle vertueux prend naissance quand on commence à voir.
Donc voilà il y a donc quelques semaines j’ai compris ça : comment réussir en tant qu’artiste alors que je suis persuadée dans mon inconscient que ça n’est pas possible ? C’est un peu comme nager à contre courant : c’est épuisant et au mieux on reste sur place !
Alors c’était décidé, le fruit était mûr : j’entamais vraiment le voyage pour déterrer cet illégitimité, il fallait que je démêle ces gros noeuds, que je comprenne où mon illégitimité avait pris naissance afin de laisser place à une nouvelle légitimité de se construire. Et j’ai commencé à court-circuiter ce que je peux nommer : mon cercle infernal de dévalorisation.
Evidemment, j’ai cherché, accompagnée par ma psy, d’où venait cette illégitimité et quel était son mécanisme. Pour la démonter en petits morceaux, faire le tris, rendre ce qui ne m’appartenait pas, faire place nette pour que ma réelle légitimité (pas celle que l’ego me faisait miroiter) existe et grandisse. Les mini-bds de Emma Andrée m’ont tellement parlées et illustrent parfaitement mon propos. (Je ne peux que vous inviter à aller voir son travail génial!)
Je dois dire que ce voyage dans mes profondeurs à quelque chose de réellement excitant maintenant. Je n’ai (presque) plus peur de faire, de dessiner. c’est comme si j’avais défait les nœuds, coupé les liens qui me retenaient (à juste titre puisque je m’y sentais en sécurité jusqu’alors) dans un état d’illégitimité.
Plus je travaille sur moi, plus j’avance, et plus mon trait se libère. Oui ce trait, il n’est plus (du moins beaucoup moins) contenu, bridé, dirigé, écrasé, par les pensée qui me traversent. Il ose ce trait, j’ose, j’essaye, je rate, je recommence, et je me rapproche de ce qui me ressemble.
A l’occasion du inktober (challenge de dessin du mois d’octobre) j’ai vu passer le mot : autoportrait. C’était évident, il fallait que je me dessine c’était comme une urgence tout a coup, alors que je n’ai jamais réalisé d’autoportrait. Je pense que c’était un acte impossible encore hier. Et là je savais, c’était d’une clarté incroyable je voulais me dessiner en train de me couper les cheveux en l'occurrence me couper une frange. Pourquoi ?
Cet acte qui vous semble peut-être banal a été tellement libérateur pour moi. Ca faisait des années que je voulais me faire une frange. mais que je n’osais pas.. et si c’était raté ? J'aurais pu me dire quelque chose de censé comme “ça repousse les cheveux”. L’insécurité intérieure était telle que c’était impossible de l’envisager malgré l’envie si grande en moi. Et un matin de début août, je me suis réveillée j’ai pris mes ciseaux et je me suis coupé une frange avec un immense sourire au lèvres. Ce matin là c'était simple et évident. Evident parce que à l'intérieur de moi je n’avais plus peur, je marchais sur un sol solide. “Haaaa ça fait ça en fait de se sentir légitime ? mais quel bonheur”. Ce dessin a donc coulé de source je ne me suis pas posé la question du style, ni celle de combien de personnes allaient l’aimer, je m’en fichais, c’était un acte qui parlait de résilience : une histoire de légitimé acquise et libre.
Je me permet de partager avec vous les ressources qui m’ont aidée et qui m’aident à avancer dans mon quotidien et à m’affirmer en tant que femme et en tant qu’artiste, à me sentir légitime.
Rencontrer le bon thérapeute et suivre une thérapie, être accompagnée par une personne extérieur c’est un réel cadeau à se faire à soi même. ✳ Je ne crois plus qu’aujourd’hui “thérapie” soit un mot qui fasse si peur non ? on a tous des choses à déterrer, plutôt que de les planquer sous le tapis. Et puis c’est le principe même de l’évolution, sinon à quoi bon être un être humain si c’est pour stagner toute sa vie. Le vivant c’est le mouvement !
Écrire quand c’est le moment, ça permet de faire sortir les mots et les émotions. C’est fou comme parfois la main semble écrire seule. Et puis une fois sur le papier c’est une autre réalité que dans sa tête.
Continuer à créer même si c’est raté. dessiner sur une feuille volante, préparer une lettre pour un ou une ami.e, cuisiner, se faire un bain chaud, aller marcher dans la nature, bref tout ce qui est libre de jugement, un endroit dépourvu de “je dois” et “il faut”.
Ne jamais laisser une émotion qui survient dans une relation amoureuse ou d’amitié, seule et de côté. Elle veut dire quelque chose et elle a plein de choses à raconter sur nous même, bien souvent elle n’est que projection d’une blessure d’enfance. On avance sur soi-même et on “nettoie”(je n’aime pas ce mot ici mais je n’en trouve pas de plus juste) le lien relationnel.
C’est un travail solitaire, mais il faut des autres et des relations pour avancer.
Se dire que la lumière est là depuis le début et qu’elle ne chercher qu’à briller de plus en plus.
Et pour finir je ne sais pas vous mais je me sentais tout le temps à côté de moi-même avant comme si j’étais spectatrice de ma vie, aujourd’hui je me sens profondément Apolline et tout ce qui va avec, dans les creux de vague comme dans les sommets. Et c’est plutôt cool :).
Le voyage est loin d’être terminé, et je crois qu’il dure toute la vie, mais quand on sait qu’on est à un doigt de pied d’un pas de géant c’est plutôt pas mal et grisant. Il y a quelques jours je discutais avec mon amie Constance (de YER ANA), et j’ai pris conscience qu’en fait ça ne fait pas si longtemps que je me suis mise à mon compte : 5 ans. 5 ans c’est peu sur une vie. On trouve toujours qu’on ne vas pas assez vite mais il faut du temps pour grandir psychiquement, il faut du temps pour savoir qui on est, et être artiste c’est exposer au monde qui on est et ce qui est à l’intérieur de nous ! Alors CHEERS à vous artistes, peut-importe les endroits de votre vie où vous créez.
Apolline ❃
Quelques photos de la réalisation de la peinture qui illustre cet article, c’est une deuxième version qui arrive après une première qui m’a pas mal bousculée et je l’aime vraiment beaucoup.